Laurent Solly muté par son ami Sarkozy à TF1
Faute de
rejoindre l'Elysée, le directeur de campagne adjoint du candidat à la
présidentielle devient directeur général adjoint de la chaîne privée.
En attendant
le «texte sur l'éthique et la moralisation» annoncé vendredi par Nicolas
Sarkozy cette loi qui va, a précisé le chef de l'état, «rendre illégale la
pratique des golden parachutes» , regardez là-haut dans le ciel cet
homme qui descend doucement et se pose comme une fleur sur le toit de TF1 :
c'est Laurent Solly, golden parachuté directeur général adjoint de la Une...
Laurent Solly, 37 ans, qui, jusqu'au 6 mai, était le directeur de campagne
adjoint d'un certain Nicolas Sarkozy.
«Parcours
d'intégration». Hier, Bouygues n'a pu que confirmer le recrutement dans un
communiqué de quatre lignes : «Bouygues précise que Laurent Solly arrive à la
holding du groupe Bouygues à compter du 23 mai 2007. Il y effectuera un
parcours d'intégration au sein du groupe. En temps voulu, en accord avec Martin
Bouygues et Nonce Paolini, il rejoindra TF1, où il deviendra directeur à la
direction générale. Ses missions seront définies à ce moment-là.» Ce sera
en juin. Peut-être Solly sera-t-il directeur financier, l'actuel, Jean-Pierre
Morel, prenant bientôt sa retraite.
Un directeur
général adjoint de la surpuissante TF1 sans aucune expérience en télévision :
Laurent Solly est énarque, fut sous-préfet puis conseiller de Sarkozy à Bercy
et à l'Intérieur, plus jeune préfet de France, avant de s'occuper de la
campagne du candidat de l'UMP. Son avenir était même tout tracé : directeur de
cabinet de Sarkozy à l'Elysée. «Ils sont méga proches , raconte un
observateur. Solly va même jusqu'à cloner Sarkozy. Il reprend ses tics de langage,
ses mimiques.» Mais voilà, bifurcation de dernière minute : Solly est
privé d'Elysée. Pourquoi ? Certains évoquent un veto de Cécilia Sarkozy,
d'autres un choix personnel de Solly.
Mercredi, la
presse le donne à TF1. Le jour même, Bouygues déclare que Solly sera en fait en
son sein, «auprès de Martin Bouygues» . C'est qu'entretemps Nonce Paolini
a décliné le cadeau empoisonné. Mais entre le chef de TF1 et celui de la
France, c'est ce dernier qui a finalement eu le dessus...
Pour le
PCF, cette nomination montre la mesure d'une «présidence totalement
décomplexée, au fort relent berlusconien» . Au sein de la chaîne, un
salarié euphémise : «On peut s'étonner qu'au lendemain des élections,
on retrouve un politique à un poste aussi important, il y a une concentration
des pouvoirs.» Un autre déplore la désinvolture de la manoeuvre : «C'est
le yacht à Malte, c'est l'état de grâce médiatique.» Un journaliste,
plus accommodant, soupire : «Ça dépend de ce qu'il vient faire. S'il a une
responsabilité éditoriale, ça pose un problème ; s'il s'occupe des finances,
c'est moins gênant.» |
Raphaël GARRIGOS, Isabelle ROBERTS