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30 mai 2007

Les recettes idéologiques du président Sarkozy

 

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Avec plus de deux millions de voix d’avance sur sa rivale socialiste, M. Nicolas Sarkozy a été élu président de la République française le 6 mai dernier. Acquis avec un taux de participation électorale très élevé (83,97 %), ce résultat contredit la « règle » qui voulait qu’une majorité sortante soit battue lors de l’élection suivante. Mais le nouveau chef de l’Etat a bien marqué ses distances avec son prédécesseur, M. Jacques Chirac, en signifiant de façon répétée son désir de « rupture » avec ce qu’il assimile à un quart de siècle de « politiquement correct ». Les premières mesures économiques et sociales envisagées par son gouvernement (suppression de la carte scolaire, remise en cause du contrat de travail et du droit de grève, baisse de la fiscalité sur les très hauts revenus) donnent à cette rupture sa signification. Profitant du désarroi de la gauche, M. Sarkozy a néanmoins obtenu le ralliement à son programme de plusieurs anciens responsables du centre et du Parti socialiste. Avec leur concours, il escompte modifier profondément l’équilibre politique du pays et continuer à afficher ses convictions de droite. En cela, il rappelle des transformations intervenues ailleurs. En Espagne, en Italie, mais surtout aux Etats-Unis.

En France, un homme de droite vient de succéder à un président devenu impopulaire dans son propre camp, et il est parvenu à ses fins en battant une femme de gauche. Il paraît que ce genre d’histoire remonte un peu le moral des candidats républicains à la succession de M. George W. Bush. Surtout s’ils prévoient qu’en novembre 2008 ils affronteront la démocrate Hillary Clinton.

Il serait néanmoins paradoxal de voir la droite américaine s’inspirer demain de la stratégie politique du nouveau président de la République française. Imite-t-on son propre reflet dans un miroir ? Or, en matière de stratégie électorale, M. Nicolas Sarkozy a davantage été l’élève, doué, des techniques politiques déployées outre-Atlantique depuis quarante ans que l’inspirateur d’une alchimie nouvelle destinée à être exportée. Insistance sur le thème du déclin national, de la décadence morale, afin de préparer les esprits à une thérapie de choc libérale (la « rupture ») ; combat contre une « pensée unique de gauche » qu’on accuse d’avoir enkysté l’économie et atrophié le débat public ; réarmement intellectuel « gramscien » d’une droite suffisamment « décomplexée » pour exhiber ses amis milliardaires (et leurs yachts) ; redéfinition de la question sociale de manière à ce que la ligne de clivage n’oppose plus riches et pauvres, capital et travail, mais deux fractions du « prolétariat » entre elles, celle qui « n’en peut plus de faire des efforts » et la « république de l’assistanat » ; mobilisation d’un petit peuple conservateur dont on se prétend l’expression valeureuse et persécutée ; volontarisme politique, enfin, face à une élite gouvernante qui aurait baissé les bras : la droite américaine n’a nul besoin de traverser l’Atlantique pour que M. Sarkozy lui enseigne de telles recettes. Ce sont les siennes depuis Richard Nixon . Tout en émaillant ses discours de références à Jean Jaurès, Léon Blum et Guy Môquet, M. Sarkozy s’est en effet appliqué à reprendre les thématiques les plus performantes des derniers présidents républicains.

Serge Halimi
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