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31 mai 2007

Législatives : la droite triomphatrice, entre adhésion et rejet

A la lecture de notre revue d’actualité matinale, un titre nous saute à l’oeil. Législatives : 47% des Français souhaitent la victoire de la droite, selon un sondage, clame une dépêche de l’agence AP. Curieuse formulation. Etonnement confirmé à la lecture de la première ligne : “Près d’un Français sur deux (47%, - 3 points par rapport au 7 mai) souhaite que la droite soit majoritaire à l’Assemblée nationale après les élections“. Ce sondage, réalisé par BVA pour la presse quotidienne régionale, nous est manifestement présenté comme favorable à l’UMP : rendez-vous compte, presque un Français sur deux ! Mais… 53% des Français n’en veulent pas, de cette majorité présidentielle ! Et le fameux état de grâce aboutit déjà à un renversement d’opinion positives, puisqu’on nous dit entre parenthèses qu’au lendemain de l’élection, ils étaient 50% qui supportaient l’UMP Connection. Voilà bien le paradoxe : 75% de cet échantillon représentatif de la population s’affirment certains de la voir l’emporter, mais seuls 47% le veulent. Et les derniers chiffres lui prédisent quelque 410 sièges… collage1

L’opinion majoritaire apparaît finalement comme résignée de subir une situation qu’elle ne souhaite pas. En clair, le président Sarkozy a réussi à verrouiller totalement le système, en tirant le parti maximum du scrutin majoritaire à deux tours sans proportionnelle. Il y a ses électeurs du second tour, qui étaient alors 42,63% des inscrits. Certains semblent déjà revenir en arrière, mais il reste évidemment nombre d’entre eux habités de ferveur et appelant ardemment la “rupture” de leur chef. Ils créent l’effet d’entraînement et emportent finalement la partie, sorte de minorité agissante à la bolchévique (version démocratique) - bolchevik désigne les plus nombreux et menchevik les minoritaires, mais les “bolchos” étaient à leur tour en minorité quand ils ont imposé la révolution soviétique. Comparaison n’est en la matière certes pas raison, Sarkozy et Fillon ne sont pas Lénine et Staline, mais la stratégie de prise du pouvoir s’appuie également sur un mouvement composée d’une minorité motivée. Marque de fabrique originale de Berluscozy : l’appui précieux des milieux d’affaires et leurs complicités médiatiques, avec lesquels les collusions les plus étroites sont soigneusement cultivées, pour relayer et amplifier le sentiment majoritaire, somme toute illusoire, et légitimer ses outrances programmatiques par le discours du : “c’est ce que veulent les Français, qui l’ont prouvé en m’élisant à 53%“.
Et si ça marche, c’est qu’il n’y a effectivement pas d’alternative en face. Sarkozy cristallise pourtant autant l’adhésion - de cette fameuse minorité - qu’un rejet extrêmement violent : une importante frange de l’opinion est sarkophobe, mais personne ne parvient à lui donner corps, à la structurer en opposition. Voilà le résultat de l’habileté présidentielle : il va réussir l’atomisation de toute opposition. Seuls 37% disent ainsi plébisciter une victoire de la gauche. Mais quel sens à cette question quand la compétition est courue d’avance ? Entre le PS, empêtré dans son éternel débat entre tenants de l’orthodoxie des valeurs socialistes (bien mal en point) et les adeptes du “pragmatisme” social-démocrate, cette “deuxième gauche” convertie aux joies du libéralisme, les antilibéraux incapables de porter un rassemblement et le MouDem de Bayrou en passe d’être laminé par le Nouveau centre, ces imposteurs du PSLE, ces 22 élus sans militants, pseudo-centristes et faux nez de l’UMP… La voie est libre pour l’hégémonie absolue d’un hyperprésident en passe de concentrer tous les leviers de pouvoir. Au soir du second tour des législatives, Sarkozy aura les mains libres. Et alors, en avant la casse du service public, la précarisation des salariés, la chasse aux chômeurs, les restrictions du droit de grève, la répression policière, la politique d’immigration brutale et inhumaine, le Medef et les rois du CAC 40 aux anges, les rentiers prospères, les spéculateurs triomphants, et la France modeste qui souffre toujours davantage, la paupérisation, les laissés pour compte toujours plus nombreux et s’enfonçant toujours plus profondément…

Face à cette catastrophe annoncée, 53% de méfiants, de sceptiques, de fatalistes et d’opposants résolus sans exutoire ni débouché. Triste tableau de la réalité politique de la France de 2007.

Olivier Bonnet, 31 May 2007

le monde citoyen

 

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