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23 juin 2007

La traîtresse franchise médicale Sarkozy

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"L'assurance maladie solidaire en danger" ! C'est le cri d'alarme lancé par trois médecins généralistes, Christian Lehmann, Philippe Sopena et Martin Winckler, auteurs d'un Appel contre la franchise Sarkozy. "En matière d’assurance maladie l’UMP et Nicolas Sarkozy ont une idée fixe : l’augmentation des dépenses de santé,  ce serait d’abord et avant tout la faute des patients. Il faudrait donc les «responsabiliser», c’est à dire les pénaliser financièrement pour «qu’ils  consomment moins», ou, au minimum, pour que «la Sécu rembourse de moins en moins," expliquent nos lanceurs d'alerte. Responsabiliser les usagers des services de santé : le raisonnement qui sous-tend cette démarche est si invraisemblable qu'il donne le vertige. Ainsi, si l'on est responsable, raisonnable, on ne doit pas tomber malade. Ceux qui le font sont donc des irresponsables, coupables de dépenser sans compter au motif futile de se soigner, alors qu'on n'est même pas sûr qu'il se s'agisse pas de simulateurs, tricheurs et profiteurs qui plombent les comptes de notre système de santé ! Responsabiliser les usagers... A quoi cela rime-t-il, quand "environ 70% de la dépense totale est le fait de 10% de patients qui sont atteints de lourdes pathologies, parfois en fin de vie, et à qui on ne demande guère leur avis quant aux soins dont ils sont l’objet, comme le rétablit l'Appel ? Et dont la seule «responsabilité» serait de décider de ne plus se soigner. Est-ce la société que l’on veut ?". Voilà établi clairement que le principe fondateur même de cette franchise est aberrant. Mais il est dans la logique libérale, et le candidat UMP le défend avec (une de ses rares) constance(s). Déjà, en 2001, dans son ouvrage Libre, il annonce : "Je crois utile qu’un système de franchise soit mis en place comme pour tout processus d’assurance". A la convention de l'UMP de 2006, il enfonce le clou : "Nous parlons d’Assurance maladie… Y-a-t-il une seule assurance sans franchise ?" D'abord, oui, ça existe ! Ensuite, puisqu'il faut vraiment mettre les points sur les i, l'assurance-maladie solidaire n'est pas une assurance privée, la santé n'est pas une marchandise et la protection sociale n'est pas une simple question d’assurance commerciale. "Comment comprendre que le paiement d’une franchise soit insupportable dans le domaine de la santé alors qu’une charge de plusieurs centaines d’euros par an pour la téléphonie mobile ou l’abonnement Internet ne pose pas de question ?", s'interroge François Fillon sur son blog, le même qu'on donne pour le favori dans la course à Matignon si son candidat était élu. Tout simplement, Monsieur Fillon, parce que l'on peut vivre sans téléphone portable ni ordinateur, alors que ne pas se soigner, l'on en meurt ! Mais peu leur chaut, à ceux qui veulent importer le système à l'américaine d'une santé à deux vitesses, financé par les assurances privées pour les riches quand les pauvres n'y ont pas accès. Les Etats-Unis émargent au plus haut niveau mondial de dépense par habitant, mais 40 millions d’Américains sont privés d'assurance maladie et le résultat sanitaire est déplorable... En France, l'UMP voudrait y venir : "Déremboursements incohérents, augmentation du «ticket modérateur» sur des soins courants, généralisation des dépassements tarifaires pour les médecins spécialistes, invention du forfait de 1 € par acte de soins ou de biologie,  du forfait de 18 € sur les actes supérieurs à 91 €, l’actuelle majorité a multiplié les atteintes à la prise en charge solidaire des soins. Mais si elle a augmenté le reste à la charge des patients, le déficit de l’assurance maladie n’en a pas été comblé pour autant". D'où l'obsession sarkoziste d'aller plus loin, en instaurant donc cette fameuse franchise.

Une régression sociale
L'Appel met en garde contre une véritable régression sociale : "Dans son principe même, une franchise d’un montant identique pour tous «pèsera» différemment  selon les revenus. C’est la fin d’un système d’assurance maladie solidaire dans lequel chacun cotise selon son revenu et qui protège, équitablement, les individus en bonne santé et les malades. On quitte la logique de la solidarité pour celle de l’assurance privée". Il souligne qu'elle menace l’accès aux soins des plus modestes, dénonçant "des effets dramatiques pour les patients aux faibles revenus, mais pas assez pauvres pour en être dispensés. Certains d’entre eux amputeraient leur train de vie modeste pour pouvoir accéder aux soins. D’autres tenteraient de les retarder, y renonceraient. (...) il faut dissuader de se faire soigner pour des maladies apparemment moins sévères (celles qui, non soignées, peuvent justement s’aggraver) et bien évidemment pour les actes de prévention que l’on croit toujours pouvoir «reporter» à plus tard. L’inverse d’une politique cohérente de santé publique." Une fois ce réquisitoire prononcé, reste à se pencher sur la façon dont Nicolas Sarkozy détourne l'usage du mot franchise, dont le dictionnaire nous enseigne qu'elle est certes "une somme forfaitaire restant à la charge de l’assuré", mais aussi la "qualité d’une personne franche, sincérité, droiture". En l'espèce, il est surtout question de duplicité ! "Nicolas Sarkozy a dit tout et son contraire en ce qui concerne sa mise en œuvre concrète", constatent nos défenseurs de l'assurance-maladie solidaire, énumérant ses variations : "franchise modulable de 50 à 100 €" annuels, "40 € par famille et par an", "les 10 ou 15 premiers euros de dépenses d'assurance-maladie à l'année", "quelques centimes d’euros à quelques euros par actes, selon ceux-ci"... Attitude résumée de façon lapidaire par les signataires de l'Appel : "Plus on s’approche de l’élection et plus il tente d’en minorer l’impact. Qu’importe. Initialement le forfait peut être minime, l’important c’est d’en faire accepter le principe". Parce qu'une chose est sûre, que le candidat UMP a toujours répétée : le montant de la franchise sera réévalué chaque année, en fonction des comptes de la sécurité sociale. Or, du fait du vieillissement de la population conjugué à "l’équation financière de la protection sociale, de plus en plus déficitaire au fur et à mesure que s’amenuisent les revenus du travail au profit des revenus spéculatifs (...) les dépenses augmentent, inéluctablement, plus vite que le PNB et avec elles le déficit de la Sécu (donc) la franchise augmentera, non moins inéluctablement", démontrent de façon limpide les trois généralistes. Voilà bien l'engrenage dans lequel la droite veut nous faire mettre le doigt. De façon d'autant plus méprisable que discrète, honteuse, cachée... Pour la plus grande indignation de Christian Lehmann, l'un des signataires de l'Appel, qui a accepté de s'épancher à notre oreille. Interview au vitriol !

olivierito@gmail.com      - hthttp://olivierbonnet.canalblog.com/

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Commentaires
L
Et pour tant, il existe bien d'autres solutions pour renflouer les caisses de la sécu : que l'Etat rembourse ce qu'il doit par exemple (les allègements de charge pour les patrons), ou alors, une taxation plus forte desnentreprises pharmaceutiques, ou une obligation de prescrire les médicaments génériques pour les médecins.
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