Droit à la protection sociale
La
Protection sociale vise à protéger les individus des aléas et des
évolutions de la vie ainsi que des ruptures avec le marché du travail :
accident, maladie, grossesse, invalidité, chômage, retraite, famille,
dépendance (1) ;
la Protection sociale doit assurer contre les risques et développer la prévention ;
la Protection sociale doit répondre aux principes de solidarité, de démocratie et d’unicité
(ces principes sont inscrits dans les fondements de la Sécurité sociale, créée en 1947) ;
la Sécurité sociale est le fondement de la protection sociale en France. Son rôle doit être renforcé ;
il convient de doter la
Sécurité sociale de ressources, demeurant principalement ancrées sur le
travail, pour répondre à l’ensemble des besoins des populations. La
gestion de ces ressources doit rester fondée sur la répartition, base
de la solidarité ;
le fonctionnement de
la Sécurité sociale doit être démocratique et sa gestion déléguée à des
représentants élus des organisations syndicales. Ceux-ci doivent
veiller au bon usage des ressources, à l’égalité de traitement de tous
les usagers et au libre accès de ces derniers à l’ensemble des
prestations dispensées ;
Les droits et les
moyens d’accès à la couverture complémentaire doivent être garantis à
tous. Les rapports entre la Sécurité sociale et les organismes
complémentaires doivent améliorer la couverture sociale globale et non
justifier un transfert de la prise en charge.
Ce qui existe aujourd’hui. Un système composé de :
Un régime général obligatoire, solidaire et géré par répartition (caisses d’assurance maladie, d’allocations familiales, de vieillesse et de recouvrement de la Sécurité sociale) ;
Une Sécurité sociale en recul depuis 1967, suite aux
réformes successives basées sur la maîtrise comptable des dépenses,
notamment concernant l’assurance maladie. Ces réformes ont conduit à
une augmentation de ce qui reste à charge pour les assurés sociaux ;
Les ressources du régime général en diminution, sans commune mesure
avec les besoins croissants des usagers. Cette baisse, liée aux bas
salaires, au chômage de masse et aux exonérations de cotisations des
entreprises, non compensées par l’Etat, grève considérablement
l’équilibre financier du régime général et sert de justificatif aux
politiques qui présentent les organismes assureurs complémentaires et
l’instauration de franchises, comme seule alternative possible ;
un système
complémentaire concernant le salariat du privé, obligatoire pour la
retraite (caisses A r r c o pour les salariés, Agirc pour les cadres),
et pour la santé dans le cadre d’un accord collectif engageant la
participation de l’employeur à son financement, se développe,
parallèlement au désengagement du régime général, un système
complémentaire, facultatif, majoritairement sans participation des
employeurs et géré le plus souvent par capitalisation (épargne
salariale, Perco, épargne santé, ...),
Les cotisations sociales restent le mode de financement
dominant : elles représentent presque 60 % du total des recettes de la
Sécurité sociale, dont 49 % pour la part dite " patronale " et 11 %
pour la part salariés. Les exonérations de cotisations " patronales "
compensées par le budget de l’État, donc par les contribuables,
représentent 7,6 % des recettes.
La Csg, dont la part dans les recettes de la Sécurité sociale a
crû dans des proportions considérables depuis 1997, représente un
cinquième des recettes, tandis que la part des recettes parafiscales
(dont la principale est la taxe sur le tabac) est actuellement
marginale : environ 1%.
premièrement, dans le régime actuel l’entreprise peut réduire sa contribution en diminuant en priorité sa masse salariale : lorsqu’elle augmente (en termes d’emploi ou de salaire ou des deux), elle cotise davantage. Inversement, l’entreprise qui réduit sa masse salariale cotise moins. Ce système peut pénaliser l’emploi, le salaire, les qualifications et leur reconnaissance dans les salaires ;
deuxièmement, le taux de cotisations est le même dans tous les secteurs d’activité. Or, la part des salaires (cotisations sociales comprises) dans la valeur ajoutée varie selon les secteurs d’activité.
La réforme du financement de la Sécurité sociale est un
enjeu majeur pour les générations présentes et pour l’avenir de notre
société. Son contenu doit être débattu de façon la plus large et la
plus démocratique possible pour tenir compte de l’ensemble des
questions : emploi, financement, réponse aux besoins présents et
futurs.
De surcroît, l’économie française souffre d’une insuffisance
chronique des investissements productifs, tandis que les
investissements financiers demeurent dynamiques.
Sous la pression des marchés financiers, les chefs d’entreprises
tendent à juger que les investissements productifs ne sont pas
suffisamment rentables, tandis que les placements financiers sont plus
avantageux. Il faut donc établir une logique qui pénalise les
investissements financiers, pour inciter les entreprises à réaliser des
investissements productifs créateurs d’emplois et améliorant les
niveaux de qualification et les capacités de production.
la
contribution des employeurs doit demeurer une cotisation, c’est-à-dire
être prélevée dans l’entreprise (et non sur le consommateur) ; elle
doit être affectée à la Sécurité sociale ;
la nouvelle
répartition entre les entreprises doit tenir compte de la valeur
ajoutée et de l’importance de la masse salariale. D’où l’idée de taux
différenciés suivant les entreprises.
le mode de calcul
doit favoriser le développement de la masse salariale et non pas
inciter à la réduction des salaires et du nombre de salariés. D’où
l’idée d’une différenciation, d’une modulation, du taux en fonction de
la gestion de l’emploi. Le mode de calcul doit aussi favoriser
l’investissement productif et pénaliser la financiarisation. D’où
l’idée de l’élargissement de l’assiette aux revenus financiers des
entreprises.
Ces principes justifient à la fois un " double élargissement de l’assiette " et une " double modulation des taux de cotisation ".
Il s’agit d’intégrer dans l’assiette des éléments qui
échappent actuellement à la cotisation : certaines formes de
rémunération et les revenus financiers des entreprises.
Le premier
élargissement vise à dissuader le développement des formes aléatoires,
discriminatoires et inégalitaires de rémunération, comme les
stock-options ou l’épargne salariale.
Le second a pour
objectif de réduire l’intérêt pour l’entreprise de multiplier les
placements financiers au détriment de l’investissement productif.
Il s’agit également de différencier les taux de
cotisation en fonction de la masse salariale et de choix de gestion de
l’entreprise comparés à la valeur ajoutée qu’elle crée.
La cotisation dite patronale aurait deux composantes :
•
La première partie serait calculée à partir du ratio " masse salariale rapportée à la valeur ajoutée " ;
la deuxième partie serait calculée selon le ratio " revenus financiers / valeur ajoutée ".
Les taux de cotisation seraient modulés en fonction de
ces ratios. Celui de la première partie serait inversement
proportionnel au ratio masse salariale / valeur ajoutée.
Le taux de cotisation pour la deuxième partie augmenterait en fonction du ratio revenus financiers / valeur ajoutée.
En conséquence, lorsque le revenu financier de l’entreprise
augmente par rapport à sa valeur ajoutée, elle cotisera relativement
plus, Cela permettrait d’assurer une réelle solidarité.
La Sécurité
sociale et les régimes complémentaires doivent rester de la compétence
des organisations syndicales, dès lors qu’ils sont financés par les
cotisations (salaire socialisé). La Cgt demande un retour aux élections
dans les caisses, l’élaboration de règles de fonctionnements
démocratiques qui actent le respect de tous les administrateurs, ainsi
que la définition d’un statut de l’administrateur (droits, devoirs,
moyens mis à sa disposition pour assurer son mandat dans les meilleures
conditions) ;
le rapport entre les collèges employeurs et
salariés doit être revu, les représentants des salariés doivent
redevenir majoritaires dans les conseils d’administration.
seules les organisations à but non lucratif peuvent assurer la complémentarité ;
le risque
dépendance (personne handicapée, personne âgée) et la prévention
doivent relever exclusivement du régime général de la Sécurité
sociale ;
les possibilités de
contrôle par les comités d’entreprise du règlement des cotisations aux
organismes de protection sociale doivent être renforcées (Urssaf,
caisses de retraite, Unédic...).