Le 2 février l’université et les laboratoires s’arrêtent !
Le mot d’ordre qui a été lancé le jeudi 22 janvier lors de la coordination nationale des universités est historique.
C’est la première fois que
se réunissent dans un même mouvement unitaire et avec une détermination commune
des enseignants-chercheurs, des chercheurs et des membres du personnel de
l’enseignement supérieur très différents par leurs affiliations syndicales,
politiques ou disciplinaires mais tous convaincus que la bataille qui s’ouvre
les concerne tous et peut être décisive. Nous n’avons pas voulu cette épreuve
de force. Elle nous est imposée par le gouvernement : par la loi LRU, que
nous avons toujours dénoncée sans ambiguïté et qui, sous couvert d’autonomie,
renforce les féodalités locales et paupérise les universités ; par sa
conception du pilotage autoritaire et centralisé de la recherche et par le
démantèlement des grands organismes de recherche ; par une obsession de la
concurrence sauvage de tous contre tous (individus, formations,
laboratoires, universités) au nom d’une politique de spécialistes du marketing
au petit pied, qui étend indéfiniment la précarisation des chercheurs, des
doctorants et post-doctorants et de tous les personnels de l’enseignement
supérieur ; par ses pratiques de « concertation » marquée, selon la
feuille de route de leur mentor présidentiel, par la conviction qu’il est bon
d’écouter tout le monde mais qu’il ne faut pas en tenir compte ; par son
obstination à vouloir agir contre la majorité de la communauté universitaire,
quelles que soient les envolées lyriques d’une ministre qui connaît bien mal le
monde de l’université et celui de la recherche ; par son discours affiché
sur les résultats de la recherche et sur son prétendu déclin, au prix de
travestissements grossiers de la réalité.
Nous n’avons pas voulu cet affrontement mais nous ne le refuserons
pas. Nous demandons que le gouvernement retire son projet de
« réforme » du statut des enseignants-chercheurs et sa
« réforme » de la formation et du recrutement des enseignants mais
aussi qu’il revienne partout sur ses décisions de suppressions de postes
statutaires, qu’il renonce à son projet de modification de statut des
doctorants, qu’il dise comment il entend lutter contre la précarisation
croissante dans le monde de l’enseignement et de la recherche. Nous savons bien
que de vraies réformes sont nécessaires sur certains des points évoqués mais si
l’on veut qu’elles soient efficaces et légitimes, elles ne sauraient être mises
en place contre l’avis de la plupart des acteurs concernés. Une discussion peut
s’ouvrir sur n’importe lequel de ces sujets mais elle ne doit comporter aucun
préalable et s’inscrire dans le cadre de négociations et non dans celui d’une
concertation ministérielle n’engageant à rien.
L’éloge incessant de la concurrence et de la « culture du
résultat » tente de mettre à bas la collégialité et dédaigne les logiques
propres à la production comme à la transmission des connaissances, hors
desquelles il n’est pas d’Université. Nous ne sommes pas face à une
« réforme » de plus mais face à une volonté de mettre à bas
l’université et les organismes de recherche au moyen d’une attaque violente.
Face à cette agitation dangereuse et à ce mépris affiché qui prétendent définir
une politique, nous répondrons avec la sérénité et la détermination de ceux qui
veulent que l’Université puisse demeurer une fois que Monsieur Sarkozy sera
parti.
Plus que jamais, tous ensemble
Sauvons l’université