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18 octobre 2006

POUR UN VRAI PROGRAMME CONCERNANT L’ECOLE

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Le chapitre du programme de l’Alternative unitaire sur l’éducation est vraiment décevant. Encore une fois, le débat sur les contenus est évité. Je jette quelques idées en vrac car je ne suis pas un spécialiste :

Le thème de la réussite scolaire est un thème attrape-tout. Parlons de la volonté de donner à chaque jeune le moyen de penser par lui-même, de s’épanouir, d’apprendre à apprendre. Et, de grâce, laissons le thème de l’école de la réussite à Allègre, Robien et autre sociale-libérale du XVIème.

En 1976, un élève qui sortait du collège avait reçu 2800 heures d’enseignement du français depuis son entrée au cours préparatoire. En 2004, il en a reçu 800 de moins. Il a donc perdu l’équivalent de deux années et demie. C’est comme si, au milieu de son année de cinquième, on le faisait passer en seconde. Disons clairement que les contenus des enseignements fondamentaux doivent être revus à la hausse et que chaque jeune doit acquérir la compréhension de l’histoire de la pensée.

Je trouve effarant qu’on ne dise rien sur le dérapage imposé par les gouvernements successifs qui mettent en avant les "compétences" à acquérir, qui ont remplacé les objectifs de formation par les "référentiels de compétences". Quand on sait le mal qui a été fait dans les conventions collectives en passant de la notion de qualification à celle de compétence, c’est plus qu’inquiétant.

La lutte contre la sélection sociale ne figure même pas dans le programme. Affirmons que des moyens inégaux doivent être mis en oeuvre pour combattre les inégalités sociales.

Affirmons que l’école forme à la citoyenneté ; et alors incluons-y les thèmes du respect de l’autre, du respect des équilibres écologiques...

N’aurions-nous pas beaucoup à apprendre à lire ce que défendent les professionnels du collectif "Sauver les lettres ". Vous trouverez ci-dessous la rubrique "Qui sommes-nous ?" de leur site http://www.sauv.net/index.php3

Leur façon de mettre les pieds dans le plat n’est pas pour me déplaire.

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Le collectif " Sauver les lettres " réunit depuis mars 2000 des professeurs, des instituteurs et des parents d’élèves, syndiqués et non syndiqués. Les membres du collectif ont en commun l’idéal d’une école élitaire pour tous : une école qui ne réserve pas certains savoirs à une élite, mais s’efforce de rendre plus égales les chances de chacun d’y accéder. Ils veulent sauver l’instruction, base d’un lien social rationnellement fondé, et condition nécessaire à toute participation effective à la cité. Le collectif défend le projet d’une école républicaine à venir, telle que l’avait souhaitée Condorcet.

Une école élitaire pour tous

Cette école doit être capable de hisser l’ensemble de la population sur un socle exigeant de connaissances, et pour cela, elle doit se doter de programmes et d’horaires nationaux adéquats, ainsi que de moyens budgétaires suffisants pour assurer une formation de haut niveau disciplinaire des maîtres, un recrutement en nombre de ces derniers, le recours aux redoublements quand les connaissances ne sont pas acquises - sans attendre que les lacunes s’accumulent en fin de cycle -, des structures d’aide précoce et des conditions d’apprentissage protégées pour les élèves en difficulté (classes allégées, classes passerelles), enfin le recrutement en nombre de personnels non enseignants, nécessaires au bon fonctionnement des établissements et à l’encadrement des élèves. Aussi, pour le collectif, le retour à des programmes cohérents n’aura de sens que dans le cadre d’une redéfinition des cursus et des conditions d’encadrement. Attaché, pour ces raisons, au service public d’éducation nationale, le collectif s’oppose aux mesures de décentralisation qui accentuent les inégalités sociales et territoriales, et dispensent l’état de sa mission politique.

On comprend bien que l’école que nous voulons ne peut être qu’antilibérale, car elle refuse la prétendue fatalité de la reproduction sociale, et exclut de son champ le " libre " jeu de l’offre et de la demande, qui mène forcément à un système scolaire uniquement soucieux de la gestion des flux sociaux et soumis à la seule finalité de l’employabilité immédiate.

Sauver les lettres, pour sauver l’école

Mais s’il s’agit de sauver une république réellement démocratique en sauvant une instruction publique digne de ce nom, pourquoi sauver prioritairement les lettres ? Le collectif pense que la maîtrise de la langue est à la base de tout apprentissage, qu’elle est la forme nécessaire de la pensée et du raisonnement, et qu’elle est la condition de tous les jeux de langage sociaux. Sans sa maîtrise la plus précoce et la plus ferme, l’homme ne peut avoir accès au monde symbolique, seul garant de rapports humains sans violence. Il ne peut pas non plus hériter du patrimoine littéraire, source de mémoire critique, de mémoire collective, et de jouissance esthétique. Le collectif entend donc s’opposer aux mesures idéologiques, politiques, et économiques qui, à l’heure actuelle, en réduisant la place du français dans les études, en fragilisant son appropriation par les élèves, en abaissant le niveau des exigences littéraires et culturelles, et en dévoyant sa finalité vers la communication basique, menacent la formation authentique et le véritable apprentissage de la langue et du raisonnement que l’école doit aux élèves. C’est pourquoi il condamne les réformes récentes qui aggravent encore la détérioration des ambitions intellectuelles de l’école. Car en renonçant à une véritable instruction nationale, on sacrifie l’égalité démocratique des chances à une massification qui nivelle par le bas, et on laisse à l’école privée payante le soin d’assurer une formation approfondie qui reproduit alors les classes, les castes, quand ce ne sont pas les communautés, les confessions, et les sectes.

Mesures d’urgence

Le collectif dénonce, à l’école primaire, la suppression depuis septembre 2002 de deux heures hebdomadaires en français dans les classes de CE2, CM1, CM2, au profit de l’introduction d’une langue vivante. Il estime en effet que les priorités doivent être respectées : il faut assurer à tous les enfants les enseignements fondamentaux ( français, mathématiques, histoire et sciences élémentaires ) avant de penser à un élargissement des domaines de connaissances, qu’ils ne peuvent aborder et comprendre avec profit que bien armés dans la maîtrise du lexique et de la syntaxe de leur langue.

Dans le cadre de la lutte contre l’illettrisme, que les ministres successifs inscrivent au premier rang de leurs préoccupations, le collectif demande le rétablissement d’un horaire de français qui permette aux enfants de maîtriser avec le temps nécessaire les mécanismes de la lecture. Cet horaire ne cesse de se réduire depuis trente ans, alors même que la qualité des apprentissages est liée au temps que l’on y passe.

Parallèlement, le collectif s’élève contre la doctrine de la transversalité, qui veut qu’à l’école primaire le français s’apprenne dans toutes les matières, alors que l’expérience prouve que les élèves ne s’approprient le français que lorsqu’il est considéré comme une discipline à part entière, avec un apprentissage systématique et mémorisé de sa morphologie et de sa syntaxe.

Dans le même souci, le collectif condamne le nouveau programme du primaire qui détaille des démarches et se vide de contenus. Il est au contraire nécessaire d’exiger des niveaux de connaissances et de faire confiance aux maîtres pour adopter les méthodes les plus efficaces.

Pour le collège, le collectif s’oppose aux " Itinéraires de découverte " en classe de 5ème et de 4ème. Ils entraînent une baisse des horaires dans toutes les disciplines, notamment le français, qui a perdu une heure hebdomadaire en 6ème, une heure trente en 5ème, une demi-heure en 4ème, depuis la rentrée 2002. Les " activités " qui y sont prévues, variables d’un établissement à l’autre, menacent le caractère national des programmes, et s’opposent au souci d’une formation sérieuse et disciplinaire des élèves.

Au lycée, le collectif entend faire revenir sur les programmes de français publiés de 1999 à 2001. Ils privilégient une vision taxinomique, formelle et réductrice de la littérature, vue comme un réservoir de formes codifiées et d’attitudes sociales à transmettre aux élèves, et non comme l’ouverture, par la langue et les thèmes, à des mondes et à des pensées nouveaux et singuliers. Ils menacent par ailleurs, par l’introduction de l’argumentation comme technique d’adhésion, et par la promotion de l’opinion au détriment de la réflexion, la formation d’une pensée critique autonome que l’on doit à des élèves adolescents bientôt citoyens. Les faux débats et la démocratie de pacotille que recouvre l’ECJS, et la prétendue " interdisciplinarité " des TPE, qui est, sauf exception, une sous disciplinarité, incitent au zapping, distraient les élèves de l’essentiel, et leur donnent l’illusion de pouvoir s’exprimer sans savoir penser ni raisonner. Le collectif demande la suppression de ces fausses disciplines qui cherchent ou bien à formater le citoyen, ou bien, cyniquement, à augmenter le pourcentage de réussite au bac.

Par ailleurs, le collectif condamne l’obligation faite récemment aux professeurs de français d’adopter, au collège comme au lycée, un cadre de cours en " séquences ", et défend la pleine liberté pédagogique de l’enseignant, la seule véritable didactique restant celle que dictent la matière et ses exigences.

La réforme des épreuves de français au baccalauréat, inaugurée lors de la session 2002, en introduisant de fait ces visions descriptives, réductrices et subjectives de la matière dans un examen, menace la formation des élèves. Il faut notamment revenir sur l’introduction du sujet dit "d’invention ", qui contraint le plus souvent les élèves à l’expression, dans une forme figée, d’une opinion fixée par avance, et se dérobe à un apprentissage construit. Ce sujet ne peut être un instrument d’évaluation des connaissances littéraires et réflexives attendues à un examen qui constitue le premier grade de l’enseignement universitaire.

Dans le même esprit, il faut revoir la définition de l’épreuve orale, qui, sous couvert de condamnation du " psittacisme ", met les élèves dans la situation difficile et inégalitaire de commenter un texte sous un angle inédit, qui plus est formel. Il est impossible de préparer sérieusement à tous les cas de figures possibles, et l’entraînement à un oral insurmontable conduit soit à un " bachotage" qui s’oppose à l’assimilation des connaissances, soit à un exercice d’improvisation qui accentue les inégalités de caste.

Une école d’émancipation intellectuelle et sociale

En conclusion, nous refusons cette infantilisation prolongée, produite par la primarisation de l’enseignement secondaire, qui cherche à cacher l’étude sous le jeu, à confondre toute règle intellectuelle, toute norme institutionnelle, avec des atteintes à la liberté et au droit, à considérer tout jugement et toute orientation sélective comme une ségrégation.

Le collectif demande des réformes, susceptibles de contribuer à une réelle démocratisation. Les élèves ont besoin d’une école qui leur assure des connaissances solides : il faut donc la débarrasser de l’idéologie aberrante des réformes récentes qui, en soupçonnant constamment les savoirs et les professeurs de " coloniser l’enfant ", en prétendant laisser l’élève " construire ses savoirs ", et en réduisant, jusqu’à seize ans, les contenus à ceux que tous les élèves pourraient maîtriser, ne fait qu’adapter l’école à une société de plus en plus inégalitaire, et ce faisant, en détruit la finalité. Car alors, la qualification intellectuelle n’est assurée que par l’éducation familiale et les écoles privées de bon niveau.

A l’inverse, le collectif croit que l’école peut partiellement compenser les inégalités socio-économiques et culturelles, qu’elle peut transmettre à tous les élèves qui lui sont confiés, un patrimoine commun de connaissances à la portée universelle, et qu’elle peut les mener à la maîtrise du raisonnement et à la pensée critique, qui les rend capables d’être adultes et citoyens. Mais cette école ne doit pas interdire à tous ceux qui le peuvent d’apprendre plus vite et plus loin, car elle doit à chacun l’épanouissement maximal de ses possibilités.

Nous contestons autant les théories angélistes véhiculées par les sciences de l’éducation - et relayées par une grande partie de la gauche -, que le darwinisme social - auquel adhère une grande partie de la droite libérale, qui ne demande à l’école que d’opérer un tri parmi les enfants.

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Est-il utopique de vouloir remettre en valeur la célèbre formule du plan Langevin-Wallon : "assurer la sélection des meilleurs par la promotion de tous" ? N’est-ce pas - dans le domaine scolaire, bousculer toutes les dérives sociales-libérales qui ont cours depuis 30 ans ?

Qu’en pensez-vous ?

gib

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