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10 juin 2007

Refonder, mais à gauche... ou en prendre pour dix ans !

la_gauche_antiliberale

 

 

Foin de la langue de bois et des arguments de circonstance   : M. Sarkozy fait preuve d'une redoutable habileté. En quelques semaines, il   aura non seulement emporté la présidentielle, mais plongé la gauche dans un   trouble profond. Rien n'est pourtant a priori joué, dès lors que près d'un   électeur sur deux s'est opposé, le 6 mai, au nouveau héraut de la droite.   Malgré certains appels formels à la mobilisation électorale, des dirigeants   socialistes semblent anticiper la défaite. Entre atonie, règlements de   comptes, palinodies de l'ex-candidate pour asseoir son leadership sur le   parti, et succession de reniements de nature à discréditer la politique, un   climat délétère s'est installé à gauche.

 

Pareil désarroi, s'ajoutant à la défaite, n'a pas de précédent depuis   1958. Son ampleur même signe à la fois un effondrement politique, une   désintégration idéologique, un affaissement moral. En se revendiquant d'une   "modernité" inspirée de l'exemple de Tony Blair et en abdiquant   devant le modèle libéral, Ségolène Royal et la direction du PS auront permis   à M. Sarkozy de s'approprier les thèmes de la rupture et du volontarisme et   d'en tirer bénéfice auprès d'une fraction des classes populaires. En se   précipitant dans le piège tendu par les diatribes sécuritaires et   identitaires du candidat de l'UMP, ils lui auront rendu les armes sur le   terrain des idées, lui permettant ainsi de surfer sur les angoisses d'une   société déboussolée par l'insécurité sociale. Au final, leur   social-libéralisme affiché aura facilité le ralliement à l'ultracapitalisme   du camp adverse d'ambitieux en quête de maroquins. Quel bilan de faillite !

 
Au passage, on mesure chaque jour davantage à quel point l'incapacité de   la gauche de transformation, de la gauche antilibérale, à se rassembler à   l'occasion de cette séquence électorale aura contribué au désastre. Faute de   pouvoir peser sur le champ politique et dessiner une offre alternative à   celle qu'incarnaient le PS et sa candidate, elle aura favorisé un vote utile   à son détriment, affaibli la dynamique d'ensemble à gauche et, surtout,   n'aura pu empêcher le débat public de dériver à droite.

 
Nous en sommes là... Il faudra tout faire, le 17 juin, pour battre   les candidats sarkozystes et réunir le maximum de suffrages sur les candidats   défendant des propositions de gauche. Au-delà, c'est toutefois une   refondation qui s'impose. Non pour approfondir la logique de l'adaptation à   l'ordre dominant, comme nous y exhortent tant de voix du côté de la Rue de   Solférino : cela a mené à toutes les catastrophes de ces vingt-cinq dernières   années et à un troisième échec à la présidentielle !

Ni pour s'ouvrir au centre : en Italie, l'alliance avec Romano Prodi n'a   produit que le désarroi du peuple de gauche, rendant plus arrogante la droite   de Silvio Berlusconi. Mais pour retrouver enfin le chemin des catégories   populaires, rouvrir la voie d'un changement radical, offrir un débouché aux   mobilisations sociales. 

Nous en sommes convaincus, une gauche d'accompagnement du libéralisme ne   permettra pas de battre la droite et sa politique, de répondre aux attentes   populaires. Nicolas Sarkozy n'est pas l'incarnation d'un nouveau fascisme. Il   n'est toutefois pas Jacques Chirac en pire. Il se veut porteur d'une   authentique contre-révolution conservatrice à la française. Avec lui, le   monde des affaires et de la finance entend liquider ce qu'il demeure des   grandes conquêtes sociales arrachées depuis la Libération, briser les   résistances de tous ordres qui ont empêché que le pays se convertisse aux   normes de la mondialisation capitaliste. Ils veulent remodeler de fond en   comble notre société. Combattre ce dessein, c'est d'abord et avant tout être   au clair avec notre projet et nos valeurs.

 
PRÉCARISATION DU CORPS SOCIAL

 
Entre priorité aux besoins du plus grand nombre et culte de l'argent-roi ;   entre redistribution volontariste des richesses et précarisation du corps   social ; entre extension courageuse des droits et aggravation des   discriminations ; entre défense d'un nouveau mode de développement et   marchandisation débridée, synonyme de dévastations écologiques ; entre   développement audacieux de la souveraineté populaire et présidentialisation   galopante de notre Ve République : les choix à opérer dessinent   une gauche enfin à gauche. Les forces existent pour porter un tel projet. Le   pays ne s'est pas converti en bloc au projet de société du Medef.

 

Les mouvements sociaux des dernières années, autant que le rejet populaire   du projet de Constitution libérale pour l'Europe, en attestent. Autour des   courants qui ont mené ensemble la campagne du non de gauche, dans les   collectifs unitaires antilibéraux, mais aussi dans les partis, les forces   syndicales et associatives, dans le monde intellectuel et culturel, parmi les   citoyennes et les citoyens nombreux sont celles et ceux qui affichent   toujours leur volonté d'entrer en résistance. Ils et elles aspirent à une   perspective antilibérale ambitieuse, de justice, d'égalité, de solidarité.

 

Rassemblons ces énergies, construisons des convergences par-delà des   histoires et des traditions différentes, imaginons de nouveaux espaces   pluralistes de débat et d'action. Engageons un processus qui pourrait   déboucher sur un temps fort du type états généraux. Et l'espoir renaîtra du   champ de ruines que nous lègue la défaite de ce printemps.

  Eric Coquerel, président du Mouvement pour une alternative   républicaine et sociale - Gauche républicaine ; 

Claude Debons, syndicaliste, coanimateur de la campagne du non de   gauche au traité européen ;
 

Christian Picquet, LCR unitaire.

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