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1 juillet 2007

Pour une refondation républicaine de la gauche

        Au lendemain de ces élections législatives, à part les régions, la majorité politique installée à tous les niveaux de représentation, de décision et de juridiction sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy sera de droite. Le temps de préparer l’avenir.

             

 

Durant la campagne présidentielle, la droite française s’est appropriée avec succès les valeurs républicaines que la gauche avait abandonnées depuis des années : Vvaleur-travail (nous autres gens de gauche dirions valeur du travail), patriotisme économique (nous dirions sens de l’intérêt de la nation), droit à la sécurité (nous dirions autorité de l’Etat), émancipation par l’école (nous dirions socle des connaissances véhiculées par l’Education).

Voilà ainsi réappropriées les valeurs en lesquelles croyaient ceux qui, au XIXe siècle, ont fait la Commune et inventé la nation républicaine. L’Appel des citoyens de Paris proclamait ceci le 11 avril 1871 : « Pas de devoirs sans efforts, pas de droits sans devoir. Nous voulons le travail mais pour en garder le produit. Plus d’exploiteurs, plus de maître. Le travail et le bien-être pour tous, le gouvernement du peuple par lui-même ». Ce sont les valeurs de la République et de la gauche. Et si la gauche a lentement perdu la confiance d’une partie des couches populaires, celles qui se lèvent tôt, c’est d’abord parce que, du PCF au Parti radical en passant par le PS, elle a abandonné notre drapeau à Le Pen, les ouvriers à leur pouvoir achat, les valeurs de fraternité aux démagogues.

Au terme d’une campagne difficile, Ségolène Royal, deux fois vaincue aujourd’hui, a reçu le soutien de 17 millions de Français. On le sait, les professions libérales et intermédiaires, les commerçants et artisans en majorité, ont voté pour Nicolas Sarkozy, mais il est constant que les citoyens les plus jeunes et les actifs de moins de 65 ans ont voté pour Ségolène Royal. Ça offre un espoir... 

Il n’empêche que l’entreprise de réaffirmation de ses propres valeurs par la gauche a commencé, et pas seulement en France : la critique sérieuse des bases du libéralisme financier (le fameux néolibéralisme) qui, sous couvert d’Europe, nous condamne au chômage de masse par l’euro fort, et façonne l’apologie du marché dit “libre”, où seule la concurrence est le dogme, où se prépare minutieusement la mise à mort des services publics. Il y a pour le coup une mondialisation de cette prise de conscience.

Faut-il alors succomber à certains barrissements, et ne voir l’avenir qu’à travers une “social-démocratie” à l’anglaise ou à l’allemande ? Bonne idée, mais en fait non. Car ces pays ont des traditions, des pratiques syndicales que nous n’avons pas. Les pays qui vont bien en Europe du Nord et l’Allemagne pratiquent le consensus et la grève travaillée, car ils sont moins touchés par la crise économique et commerciale que connaît la France.

La France est républicaine. La gauche a pour raison d’être l’accomplissement de la République. Si elle ne devenait qu’une “aile consolatrice” du néolibéralisme, elle ne répondrait plus à sa mission et laisserait à découvert un immense espace, livrant les couches populaires à l’abandon, à l’abdication, à la révolte ou aux démagogues de tout poil.

Nicolas Sarkozy s’affiche avec George Bush au moment même où les experts du Pentagone et le peuple américain lui donnent tort sur son action internationale. Et des socialistes français exaltent Tony Blair quand les Britanniques le chassent, ou la SPD allemande quand elle gouverne sous les ordres de la droite. Une gauche libérale pourrait retrouver bien vite les palais ministériels si le but de l’action politique était d’arriver à tout prix au gouvernement. Mais pourquoi faire ? La politique de Tony Blair ? Croissance inouïe des inégalités, 12 700 000 travailleurs pauvres (7 millions en France vivent avec moins de 700 euros par mois), privatisations, suivisme américain en Irak ? Pour faire comme la politique du SPD allemand qui a fait alliance avec la droite, et après le programme Agenda 2000, foule au pied les acquis sociaux et laisse exploser la pauvreté ? Non, la France n’est ni la Grande-Bretagne, ni l’Allemagne. Nos histoires sont différentes.


Loin d’être un slogan ou un vain mot, “Refondation” recouvre la volonté politique radicale d’une entière réorientation des conditions de notre participation au fait européen et à la mondialisation néolibérale. Alors pourquoi "républicaine" ? Parce qu’appuyée sur les principes de la démocratie, de la pleine souveraineté des peuples.

À l’heure des “souverainetés limitées” en Europe, il serait temps de préparer la refondation des Républiques sociales qui protègent les faibles des fauves. Qui protègent les salariés du dumping social, protègent la collectivité du dumping fiscal, protègent les industries des délocalisations, protègent les locataires du rentier, protègent le commerce des dérèglements monétaires qui surviennent loin de lui.

La refondation est ouverte largement, au-delà des rangs de la gauche républicaine. Non pas à des centristes qui n’existent que par les contradictions de la droite et les insuffisances de la gauche, mais à des républicains qui, au-delà de l’ouverture de pacotille actuelle, verront bien que derrière le discours de Nicolas Sarkozy, il y aura la politique cynique des détenteurs de la fortune, des fabricants du marketing de la peur, des jean-foutre de l’intérêt général, fascinés par l’Amérique du Nord, c’est-à-dire par la loi du plus fort.

Alors, le sacrifice de celles et ceux qui ont vu s’achever au pied du mur des Fédérés le cours de leur vie sous les tirs des fusils versaillais, toutes celles et ceux qui ont sué sang et eau pour que notre pays soit ce qu’il est devenu, une des plus belles démocraties du monde, tout cela n’aura pas été vain.

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