les privilèges bel et bien de retour
On croyait les privilèges abolis en France depuis un certain 4 août 1789.
Erreur ! Ces dernières années ont vu leur retour triomphal.
Aujourd'hui, en Sarkozie, cette "République irréprochable", plus on est
riche, moins on paye d'impôt sur le revenu ! En juin dernier, la
publication d'un rapport de la commission des Finances de l'Assemblée
nationale sur les "niches fiscales" a officialisé ce fait.
C'est ainsi que l'on apprend que ces fameuses "niches" représentent
aujourd'hui pour l'Etat un manque à gagner de 73 milliards d'euros. A
force de dégrèvements et autres crédits d'impôt les plus riches des
Français parviennent à s'affranchir de la contribution commune, au sens
de l'article 13 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen.
Les 1000 premiers bénéficiaires des niches fiscales, dont le revenu
annuel moyen atteint 1,2 million d'euros, ne payent que 100 000 euros
d'impôt en moyenne là où ils devraient en payer 400 000. Pis encore,
150 d'entre eux n'acquittent aucun impôt ! Certains perçoivent même un
chèque du Trésor ! Contrairement à l'engagement de 1789, quand on est
très riche en France, on ne contribue pas "à raison de ses facultés".
Comme sous l'Ancien Régime, une poignée d'aristocrates parivennent à se
dégager de l'impôt citoyen. Pour une poignée de privilégiés, l'impôt
progressif devient régressif.
L'Ancien Régime, on le sent aussi quand l'Etat se comporte tel le roi
de France suppliant le clergé, exempté d'impôt, de lui accorder un "don
gratuit". C'est ainsi que Total, fort de ses 12 milliards d'euros de
bénéfices, ait offert "30 à 40 millions d'euros" au financement de la
"prime à la cuve", versée aux ménages non imposables se chauffant au
fioul. L'Etat n'a rien de trouver de mieux que de s'en réjouir
publiquement, en lieu et place de taxer ses superbénéfices. Mais ce
n'est pas dans la logique de la maison que de taxer les plus riches et
les plus puissants.
Pendant ce temps, le tiers-état, les petites gens, eux, payent l'impôt. Pour eux, évidemment, pas de passe-droits.
Pire, ce sont à eux, et seulement à eux, que l'on exige de faire des
efforts. D'accepter de payer des franchises médicales. D'accepter de
bosser plus pour gagner autant, quand ce n'est pas moins. Etc.
A quand, donc, la convocation des Etats Généraux ? A quand, la Révolution ?