Refondation
Les législatives de juin ne sont pas que le dernier acte d’un cycle électoral. Elles sont aussi le premier acte de résistance et de création dans une nouvelle donne politique.
Avec l’élection de Sarkozy, une droite à la fois ultra-libérale, autoritaire et nationaliste a réussi à capter l’incarnation d’un « volontarisme politique » au profit d’un projet faisant passer une société du « chacun pour soi » comme celle pouvant permettre la réussite de tous. La question n’est pas comme le dit Ségolène Royal de savoir si « Sarkozy va tenir ses promesses ». Cette droite est absolument décidée à appliquer son programme. La question est celle du déploiement d’une riposte à la mesure des enjeux et qui défriche en même temps les chemins d’une reconstruction de l’espoir. Dans le vote il y a la construction d’un vaste réseau de volontés pour une société de coopéra-tions, d’échanges et de solidarités.
Un aspect essentiel de ce travail réside dans une démonstration de la réalité de la politique de Sarkozy. Prenons les deux mesures fiscales prioritaires, la quasi suppression des droits de succession et le bouclier fiscal ; mesures qui flattent dans l’opinion la tendance à vouloir payer « moins d’impôts ».
Pour les successions, huit sur dix ne sont pas concernées. Elles sont déjà exonérées parce que d’un montant trop modeste ou moyen. Quant au « bouclier fiscal », il bénéficiera à 150.000 ménages, parmi les plus fortunés. Résultat : voilà deux mesures que les fiscalistes chiffrent à 9,5 milliards d’euros, qui vont aller à des personnes déjà riches et le plus souvent âgées de plus de 50 ans. Milliards qui ne nourriront ni l’activité ni l’emploi, mais principalement la Bourse et la rente.
Et lorsque l’on sait que porter le SMIC à 1.500 euros pour des millions de salariés coûterait 9 milliards d’euros, eux porteurs de consommation, d’emplois et d’activité, on mesure le gâchis. Cette bataille idéologique est à mener sur toutes les questions, systématiquement.
Il y a vingt ans, en Angleterre, face aux années Thatcher, la réponse de la gauche anglaise a été la « réinvention blairiste ». L’Angleterre y est devenue plus inégalitaire que jamais. Assurément, ce n’est pas de cette « modernisation »-là dont a besoin la gauche française.
Jean-Paul DUPARC